Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 403

8 du courant, ne nous a pas permis de vous développer, dans la lettre qui a accompagné cet envoi, les raisons que nous avons de supposer que l'indifférence actuelle de l'Angleterre sur ce qui se passe entre la France et les puissances coalisées contre la Constitution, ne saurait être de longue durée.

Nous avions déjà fait observer à votre prédécesseur, dans le cours de notre correspondance, que, encore que tout ce qui s’est passé en France soit bien loin d’avoir l'approbation individuelle des divers membres du ministère britannique, la raison d'État les avait jusqu’à présent empêchés d'accéder à la coalition des puissances, à laquelle le Roi n'aurait été personnellement que trop enclin. Si nous n'avions craint de donner de trop brillantes espérances, nous aurions pu dire que ce même ministère ne demandait pas mieux que de pouvoir concourir à ce que cette coalition ne subsistât plus.

Nous avons lieu d’être persuadé, Monsieur, que c’est presque uniquement à l'éloignement de Sa Majesté Britannique pour la révolution française, qu'on doit attribuer la réponse qui vient d’être faite à notre note.

Quoique, en général, toutes les matières d’administration soient ordinairement réglées dans le cabinet de Saint-James à la pluralité des voix, et conséquemment par l'influence de M. Pitt, il y a des cas (et ce qui concerne la France est de ce nombre) sur lesquels le Roi a une opinion tellement prononcée, qu'il n'est pas tou-

jours possible à la pluralité de la surmonter. 26.