Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

40% MISSION DE TALLEYRAND

Le moyen usité par les ministres, dans de telles circonstances et souvent avec succès, est d'offrir leur résignation; mais le Roi, qui n’aime pas M. Pitt, qui ne l’a conservé jusqu’à présent qu'à cause de la difficulté de former sans lui un ministère qui ne le force pas à se jeter dans les bras de M. Fox qu'il déteste, le Roi pourrait accepter l'offre et profiter du long intervalle qui doit s’écouler avant la prochaine séance du Parlement pour réaliser les combinaisons nécessaires à l'affermissement du ministère qu'il aurait formé, et M. Pitt, qui le sent, est de son côté trop prudent, ou, si l'on veut, trop ami de sa place, pour courir ainsi le danger de la perdre, tant qu'il voit au dehors du cabinet une opposition dont les membres, quelque peu agréables qu'ils soient au Roï, sont toujours prêts à se réunir jusqu’à un certain point à ses idées, pour le débarrasser d’un ministère dont les places sont depuis longtemps l’objet de leur ambition.

Pour se tirer de cette situation embarrassante, et acquérir en même temps à son ministère toute la force nécessaire pour agir de la manière qu'il croit la plus avantageuse aux intérêts de la nation, M. Pitt a tenté dernièrement de combiner avec les principaux chefs de l'opposition une coalition ministérielle.

M. Dundas, qui remplit la place de secrétaire d'État par intérim et en quelque sorte sous le bon plaisir de M. Pitt (et qui, en conséquence, est toujours prêt à se contenter de celle de trésorier de la marine, dont il est pourvu, mais dont il ne retire pas les appointe-