Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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ments depuis qu'il est secrétaire d'État), M. Dundas a eu, de la part de M. Pitt, une conférence avec les principaux chefs de l'opposition.

Il leur a représenté que le ministère actuel, quoique suffisamment fort pour se soutenir contre l'opposition, ne l'était pas assez pour agir de la manière qui serait la plus convenable à l'honneur et aux intérêts de la nation; qu'au dehors, ce qui se passe tant en Pologne qu’en France méritait à juste titre de fixer l'attention de la Grande-Bretagne; qu’elle avait un intérêt manifeste à empécher les progrès de la coalition des puissances continentales contre ces deux États, à conserver en son entier l’ancienne balance de l’Europe telle qu’elle se trouvait établie par les traités, à s'opposer à tout démembrement soit de la Pologne’, soit de la France, et même à laisser à chacun de ces deux États le soin de terminer par eux-mêmes, et sans aucune intervention étrangère, l'ouvrage quelconque de leur constitution; qu’au dedans, Vordre à rétablir dans les finances, les bornes à mettre à l'émission des effets

1 La mission française écrivait de Londres, pour la Gazelte de France, le 18 juillet 1792 :

« Le bruit court qu’il est survenu de nouvelles divisions entre nos ministres, par rapport à la querre de Pologne. Si nous en croyons ces bruits, M. Pitt refuse absolument de se mêler de cette guerre, parce qu'elle contrarie ses idées de finances et sa louable intention d’alléger les charges du peuple en diminuant les taxes et en réduisant la delle nationale. De son côté, la majorité du cabinet ne considère ces objets que comme secondaires, et, suivant elle, notre honneur et notre intérêt nous font une loi d'empêcher la ruine des Polonais, et, en conséquence, ils sont d'avis qu’on envoie à l'Impé-