Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 407

parce que les chefs de l'opposition, tout en sentant la nécessité d’une coalition, veulent qu’elle ait lieu de manière qu'ils aient dans le ministère la principale influence.

Ils ont donc proposé qu'on donne au due de Portland la place de premier lord de la Trésorerie, en laissant à M. Pitt celle de chancelier de l'Échiquier et y ajoutant celle de ministre de l’intérieur; à M. Fox, le département des affaires étrangères, en donnant à lord Grenville, pour indemnité, celle de Speaker de la Chambre des pairs, qui alors serait démembrée de la charge de grand chancelier, dont on donnerait les fonctions à lord Longborough; à lord Starmont, le sceau privé, et à MM. Sheridan et autres de leurs amis, diverses places inférieures.

Ces prétentions ayant paru beaucoup trop fortes à M Pitt, on suppose qu'il attend le décès delord Guildford (ci-devant lord North), que ses infirmités font regarder comme très prochain, pour opérer, avec les amis que ce dernier avait dans l'opposition, quelque autre combinaison qui le mette dans le cas d'agir, sans crainte d'être arrêté à tout moment soit par le Roi, soit par M. Fox.

Peut-être encore, et cela n’est point sans vraisemblance, la crainte de cette combinaison, qui pourrait exclure pour longtemps M. Fox du ministère, engagerat-elle ce dernier à quelque tempérament qui facilite la coalition proposée par M. Pitt, et, dans ce cas, il est plus que probable que l'Angleterre prendrait aux af-