Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 39

humeur, il fait l'éloge de Turgot?, il célèbre les louanges de son père, dit l’Amè des hommes. Il conclut comme eux dans les questions agricoles et commerciales. Les idées de propriété, d’impôt foncier, de cens électoral fondé sur la propriété terrienne, appartiennent aux physiocrates. L'Assemblée nationale les adopta, de même que Mirabeau. Si ce grand homme repousse le despotisme absolu qu’ils recommandaient comme le meilleur système de gouvernement, il admet du moins, à leur exemple, une monarchie sans patriciat, où tous les citoyens doivent être égaux devant un roi au pouvoir limité.

LE ROI.

Nécessité de la Monarchie. — Conditions d'existence et origine de la Monarchie. — La Royauté légitime constitutionnelle.— Droits et devoirs généraux du roi.

« Il dit hautement qu’il ne souffrira pas qu’on démonarchise la France’, >» écrit, au moment des élections des états généraux, le marquis de Mirabeau en parlant de son fils. Cette déclaration, Mirabeau la fait lorsqu'il est brouillé avec le Pouvoir. En effet, il est monarchiste, monarchiste d’instinet et de raison. « La France est géographiquement monarchique, dit-il; malheur à ceux qui peuvent croire que cette immense contrée peut être sans roi‘! » Jusque dans cette profession de foi, nous retrouvons le lecteur, sinon le disciple de Jean-Jacques Rousseau. « En général, dit le propre auteur du Contrat social, le gouvernement démocratique convient aux petits États, l’aristocratique aux médiocres, et le monarchique aux grands5. » Dans ses premiers écrits, inspirés par Rousseau, Mirabeau avait toujours reconnu la nécessité d’un pouvoir central afin de garantir « la liberté politique et civile, la tranquillité publique et particulière, la sûreté des propriétés6. » Or, selon lui, cette autorité tutélaire ne peut

1. Lettres de cachet, t. I, p. 162.

2. En 1781.

- Janvier 1789. Loménie, Mirabeau et son père, p. 19.

. Correspondance Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 381-383. - Contrat social, p. 155 (édition de Paris, 1797, in-18).

. Leltres de cachet, t. I, p. 76, 219 et 347.

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