Étude sur les idées politiques de Mirabeau
LES IDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 49
cette sévérité à l'égard des ministres s'explique par la haine qu'il porte à plusieurs des conseillers de Louis XVI, et la question de personnes l'emporte souvent chez lui sur celle des principes. Que l'on n'oublie pas non plus que la France avait longtemps souffert du despotisme ministériel et que les hommes de la Révolution voulaient réagir contre ce mal.
Afin d'assurer la responsabilité du gouvernement et de lui faire sentir l’action de l’Assemblée nationale, Mirabeau propose que les ministres assistent aux délibérations de ce corps!. Grâce à cette mesure, chaque acte de leur administration pourra faire l'objet d’une interpellation?. Amenés comme à la barre de l’opinion publique, ils seront tenus d'exposer leur conduite au grand jour®. De leur part, les intrigues secrètes ne seront plus à craindre et le peuple sera rassuré contre leur puissance{, Réciproquement, les ministres, s’ils doivent être attaqués, verront leurs ennemis en face. Ces luttes parlementaires donneront au gouvernement une sorte de sécurité : cessant de craindre, il cessera d’être redoutable. Enfin les ministres, premiers organes du pouvoir exécutif, sont nécessaires dans une assemblée qui, comme on le dira tout à l'heure, s’occupe surtout de législation. Leur présence est indispensable pour faciliter la discussion des lois et en assurer l’exécution, Le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif s'occupent en effet des mêmes matières ; le premier a besoin de l'expérience du second”, et, d'autre part, il pourra d'autant mieux lui indiquer la marche à suivre. Bien des malentendus seront prévenus si les ministres sont admis à l’Assemblée et peuvent y exercer un droit consultatif. Le gouvernement général en sera facilité; cette mesure consolidera l'union du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif et établira l'entente nécessaire du roi et de la nation.
Ce n’est pas tout. Mirabeau réclame encore pour les députés le droit d'exercer des fonctions publiques® et pour le roi la faculté
1. Discours du 14 et du {8 octobre 1789. Courrier de Provence, n° 41, p. 1; n° 54, p. 18 et 19; n° 55, p. 18 et 19. - Courrier de Provence, n° 63, p. 32 (6 novembre 1789). - Ibid., n° 41, p.5; n° 63, p. 34. . Ibid, n° A1, p. 41. . Ibid., n° 40. . Ibid., n° 63, p. 35 et 36. . Courrier de Provence, n° 41, p. 3 ; n° 55, p. 7. . Ibid., n° 55, p. 67. + Ibid., n° 55, p. 6 et 7 (Discours du 19 octobre 1789).
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