Garat 1762-1823

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la lecture des notes par l'habitude qu'il avait de chanter par cœur au lieu d'être arrivé au chant par la lecture des notes, c'est possible, mais encore une fois qu'est-ce que cela prouve? Admettons qu'il ne füt pas ce qu'en termes techniques on appelle un lecteur, qu'ilne chantât pas à première vue, à livre ouvert, en quoi cela ternit-il sagloire, diminue-t-il son mérite? Il ne fut pas un savant croque-notes, un habile déchiffreur de dièses et de bémols, c'est entendu. La nature fit pour lui plus que l'éducation.

Et puis, comme l’a dit son oncle‘ : « Cela n'importe pas plus à sa gloire que de savoir si Lekain, Garrick, Talma, ont su épeler et lire. L'art de lire la note, de solfier, est juste au chant ce que l’art d’épeler et de lire est à la déclamation lyrique. »

Écoutons d’ailleurs Grétry? : « Lorsqu'un heureux instinct favorise un individu, on doit le laisser agir. On m'a dit cent fois que Garat serait le meilleur chanteur de l'Europe s’il savait

la musique et s'il consultait les maires à chan-

1. Notice sur Garak (Revue encyclopédique), ouv- cit. 2, Grétry, Mémoires ou essais sur la musique, t. I, p. 416, ouv. cil.