Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES IDÉES DE GOUVERNEUR MORRIS SUR LA FRANCE 65

blicains de premier vol. La comtesse, qui est une femme très sensible, a formé ses idées sur le gouvernement d'une manière qui ne convient, je crois, ni à la situation, ni aux circonstances ni aux dispositions de la France, et ily en a beaucoup qui sont dans ce cas!. » Peu de jours après son arrivée en France il écrivait à M. de Moustier (alors en Amérique) : « La Fayette n’est pas à Paris. Il est allé en Auvergne pour se faire élire par la noblesse ou par le tiers état. J'espère que ce sera par la première, car autrement (à mon avis) il deviendrait trop désespérément étranger à sa propre classe... Jai ici le role le plus étrange qu'on puisse imaginer. Moi, républicain, et à peine sorti, semble-t-il, de cette assemblée qui a rédigé une des plus républicaines de ioutes les Constitutions républicaines, je prèche le respect envers le prince, les égards qu'on doit avoir pour les droits de la noblesse, la modération, non seulement quant au but, mais quant aux moyens de l’atteindre?. » Bientôt il voit dans La Fayette un pur républicain : « Ses opinions, dit-il, s'accordent au mieux avec celles d’une République *. » Le 18 avril 1789 il écrit à un ami à Philadelphie : « Lorsque le peuple s’assemblera lundi, mardi et mercredi prochains (pour les élections de Paris), avec la famine et le mécontentement, la moindre étincelle peut mettre tout en feu. Comme antidole les médecins politiques ont fait marcher quinze à vingt mille hommes de troupes régulières dans la cité ‘et à l’entour ; de sorle que, dans tous les cas, les bons bourgeois n'auront pas toule la farce pour eux. Cette mesure tendra plutôt à produire qu'à empêcher une émeule, car quelques-uns de la jeune noblesse se sont élevés à une foi active dans l'égalité naturelle des hommes et méprisent tout ce qui ressemble à une résistance *. » Les littérateurs sont aussi imbus d'idées républicaines ?.

Dans la suite Morris confirme, par des observations particulières et précises son impression première. Le 23 avril 1991 : « Je ventre à la maison et écris, puis Je dine chez Mme de Trudaine. Après diner. Monsieur se prononce en faveur d'une

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1, pers 4. T. I, p. 58.— 5. T. I, p. 96, voyez ci-dessus, p. 16.

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