Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

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qu’à lire dans toutes les congrégations, en sorte que partout le culte püt être célébré par un simple chef de famille. C'était là sans doute un avantage ; mais à quel prix n’était-il pas acheté ? au prix de ce qu'il y a peut-être de plus vivant dans Je culte, de ce qui produit sur l’homme l'effet le plus puissant, je veux dire au prix de la prédication personnelle, que rien, dans aucun culte, ne saurait remplacer !

À la différence des lectures faites dans les temples chrétiens, qui sont toujours tirées de la Bible, les lectures des Théopbhilanthropes étaient empruntées aux écrits des moralistes, des philosophes anciens ou modernes. Socrate, Phythagore, Confucius, Phocylide, étaient admis, comme Moïse et Jésus-Christ, à instruire les assemblées Théophilanthropiques. Cette diversité d’enseignements est, aux yeux de Chemin, un avantage que le fondateur de la Théophilanthropie relève avec soin !

La partie importante dans le culte Théophilanthropique, de même que dans le culte protestant, était le discours : l’orateur, comme ils l’appelaient, était tenu d'abord, comme tous les minisires des autres cultes, de faire sa déclaration d’obéissance aux lois de la patrie ; cette déclaration était affichée dans les temples pendant quatre mois, au terme desquels l’orateur pouvait entrer en charge.

L’orateur, dans l’exercice de ses fonctions, avait un costume particulier qui se rapprochait et se distinguait à la fois de celui du pasteur protestant. IL consistait dans un frac bleu et dans une robe blanche, retenue par une ceinture rose. Ce costume avait été donné aux orateurs, « non, disait Chemin, pour en imposer davantage à la multitude, mais pour ne pas donner d’aliment à la vanité, ou de sujet d’humiliation au peu d’aisance ». « Ce costume, ajoute Chemin, est simple, grave, comme celui des protestants; mais offrant l’heureux mélange du blanc, du rose et du bleu, il repose l’œil plus agréablement et annonce un moraliste aimable. »

Il n’est pas moins vrai que cette robe blanche, cette ceinture rose, ont beaucoup prêté à la raillerie. M. de Pressensé surtout s’en donne là-dessus à cœur joie; il parle «d’affublement ridi-