Histoire des deux conspirations du général Malet

290 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

ne pensant guère être voué à une mort certaine. Il faisait des vers, rêvait d’avenir et de gloire, songeait à sa fiancée qui l’attendait là-bas, là-bas, bien loin, à Angers. Chaque soir, il croyait voir s'ouvrir les portes de son cachot. Pauvre garçon !

J'ailu des lettres de lui, charmantes, désolées, navrantes, adressées au ministre de la police, à l’empereur. Ily a toute une épître en vers qui eût touché le cœur d’un tigre, Boutreux raconte comment il a laissé au pays une jeune fille à laquelle il a promis le mariage. Il l’a aimée tout jeune, et n’a pu l’épouser jusque-là, parce qu’il navait pas de position ; mais aujourd’hui il est bachelier en droit, professeur, il n’y a plus d'obstacles ; on Pattend. Il était à la veille de partir, quand est survenue cette malheureuse affaire Malet. Il supplie le ministre de le rendre à sa famille, à sa fiancée, qui le bénira. Vaines supplications ! Il ne savait pas, l’infortuné ! qu'on attendrirait plutôt les pierres des tombeaux que le cœur des hommes qui ont la prétention d’être les conducteurs et les sauveurs de la société, et qu’il fallait que son sang coulât pour la tranquilité du glorieux empereur des Français.

Qui done nous disait que Bonaparte s'était ému à la nouvelle des immolations dont la plaine de Grenelle avait été le théâtre ? Bonaparte, pris de pitié