Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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il leur énumère complaisamment tous les bienfaits dont ils vont jouir, puisqu'ils ont eu le bonheur de naître au moment où la vertu va enfin remplacer le vice sur la terre et triompher sans partage :

« J'ai sacrifié tous les intérêts de mon cœur, pour vous rendre dignes, mes chers enfants, du siècle mémorable où vous allez vivre. Nous ne sommes plus heureusement au temps où la vertu osait à peine se montrer, où le vice était applaudi. Déjà l’on s'aperçoit des heureux changements qu'opère la Constitution. Que ‘sera-ce donc dans 20 à 25 ans? La réforme sera complète et le xix° siècle aura comme l'antiquité des Socrates. Ce qu'on estimera le plus et ce qu'on estimait le moins, ce sera les bonnes mœurs, la vertu et puis les connaissances, les talents. Conduits par un homme sage et éclairé, 1l vous sera facile, avec de l'application, avec le désir de seconder les vues paternelles et maternelles, d'acquérir tous ces biens et de vous mettre à l'abri des reproches que mérite notre nombreuse jeunesse, pour qui les parents ne négligent rien et qui ne profite de rien.

« Je te recommande de faire lire plus d'une fois cette lettre à John. Vous allez, je le répète, être réunis. Aimez-vous toujours bien tendrement et comptez que le ciel vous bénira. »

Quand Edmond apprend que son frère va venir partager son sort, il en éprouve une grande joie et il s'empresse de la lui témoigner. De toutes les recom-