Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 81

été plus complète : « Les alarmes semées dans les provinces ne sont que les suites de celles qu'on a voulu répandre ici, répond-il. Dans le principe, on avait d’abord eu quelques inquiétudes, mais elies ont fait place à la plus grande sécurité. On ne saurait aujourd’hui témoigner de la crainte sans s’exposer au ridicule. Cependant, comme la foule sera grande, nous prendrons les précautions que les circonstances exigeront, et si nous voyions le moindre risque, nous passerions de l’autre côté de la rivière, dans ces jardins de’Chaillot d'où, avec une lunette; nous plongerons sur le champ de la Fédération. »

Edmond, de son côté, s'étonne que la province entière n’afflue pas à Paris :

« 30 juin 1790.

« On attend ici avec la plus grande impatience le jour à jamais mémorable de la Fédération; nous nous promettons bien d'assister à cette auguste cérémonie, de manière à nerien perdre du coup d'œil, qui, comme tu le penses, sera superbe. Je crois maintenant qu'il y a bien des personnes en province qui voudraient être à notre place, qui donneraient bonnes choses de pouvoir venir ici. Mais qui peut retenir mon oncle, par exemple? Pourquoi ne vole-t-il pas vers Paris? Mon oncle a peut-être l'humeur sédentaire, mais aussi il me semble que la curiosité, l'envie de voir des choses

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