Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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sexe, formant le plus superbe tableau de concorde, de travail, de mouvement et d’allégresse qui ait jamais été exposé. » | .

« À côté des garçons jardiniers, distingués par des fleurs et des laitues attachées à leurs instruments, étaient les élèves de peinture, qu'annonçait une bannière représentant la France. A leur suite venait l'espoir des races futures, les rejetons de: nos législateurs, qui passaient gaiement des exercices du collège au travail du Champ de Mars. Les charbonniers Traînaient derrière eux leur bannière. Les bouchers avaient sur leur flamme un large couteau et on lisait dessous : Tremblez, aristocrates, voici les garçons bouchers. »

L'affluence des travailleurs, la vivacité des mouvevements, la bigarrure des habits, tout concourait à la variété pittoresque de ce spectacle. Des étrangers qui arrivaient par Versailles disaient les yeux baignés de larmes : « Quels hommes que ces Parisiens! »

Toutes les classes étaient confondues :

« On voit des séminaristes, écrit Ferrières, des écoliers, des sœurs du pot, des chartreux vieillis dans la solitude, quitter leurs cloîtres et courir au Champ de Mars, une pelle sur le dos... Là, tous les citoyens mêlés, confondus, forment un atelier immense; la courtisane échevelée se trouve à côté de la citoyenne pudibonde, le capucin traine le baquet avec le chevalier de Saint-Louis, le portefaix avec le petit-maître