Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

86 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

font trembler la terre. Le roi, la reine, l’Assemblée nationale, le peuple entier suivent cet exemple au milieu d’un enthousiasme indescriptible et des cris cent fois répétés de : Vive la Nation! Vive le Roi! Vive la Reine!

Edmond est tellement occupé qu'il ne peut donner à sa famille qu’une courte description de la cérémonie. « Paris, 17 juillet 1790. « Papa,

« Il est enfin passé ce grand jour qui, selon bien des personnes, devait être le dernier, de notre liberté. Il faut que ces bruits se soient bien accrédités en province, car M. Durand et M. Couderc! m'ont dit que sur la route on les regardait d'avance comme des victimes dévouées à la patrie.

« Le Champ de Mars était disposé de manière à dissiper toute espèce de crainte sur les dangers du tumulte et de la foule : par les soins actifs des Parisiens, il offrait le coup d'œil du plus superbe et du plus majestueux cirque; il l'aurait disputé à ceux de l'ancienne Grèce.

« Le cirque s’élevant en plan incliné était couvert de gradins rangés par ordre. [1 y avait, de distance en distance, des sentinelles qui avaient soin de faire

1. Bordelais qui étaient venus à Paris pour assister à la cérémonie .