L' Atlantide : exposé des hypothèses relatives à l'énigme de l'Atlantide : avec 23 figures et cartes

ANNEXES 233

un froid excessif, ni une chaleur ardente, il y a toujours, tantôt plus, tantôt moins nombreuse, la race des hommes. Aussi, soit chez vous, soit ici, soit en tout autre lieu dont nous avons entendu parler, s’il est accompli quelque chose de beau, de grand ou de remarquable à tout autre égard, tout cela est ici par écrit, depuis l’antiquité, dans les temples, et la mémoire en a été sauvée. Mais, chez vous et chez les autres peuples, à chaque fois que les choses se trouvent un peu organisées en ce qui touche l'écriture et tout le reste de ce qui est nécessaire aux Etats, voici que de nouveau, à des intervalles réglés, comme une maladie, les flots du ciel retombent sur vous et ne laissent survivre d’entre vous que des illettrés et des ignorants (1). Ainsi, de nouveau, vous redevenez jeunes, sans rien savoir de ce qui s’est passé ici, ni chez vous, dans les anciens temps. Car ces généalogies que vous citiez à l'instant, Ô Solon, ou du moins ce que vous venez d’en parcourir touchant les événements de chez vous, diffèrent bien peu des contes des enfants. Et d’abord, vous ne rappelez qu'un seul déluge terrestre, alors qu’il y en a eu beaucoup antérieurement. Et puis, la race la meilleure et la plus belle parmi les hommes, vous ne savez pas que c’est dans votre pays qu'elle est née, ni que, de ces hommes-là, vous et toute votre cité actuelle vous descendez, car un peu de leur semence s’est conservée. Vous l’ignorez, parce que, pendant de nombreuses générations, les survivants sont morts, sans avoir été capables de s'exprimer par écrit. Oui, Solon, il fut un temps, avant la plus grande destruction par les eaux, où la cité qui est aujourd’hui celle des Athéniens, était, de toutes, la meilleure dans la guerre et singulièrement la mieux policée à tous les égards. Chez elle, dit-on, furent accomplis les exploits les plus beaux: il y eut les organisations politiques les meilleures de toutes celles dont nous ouimes oncques parler sous le ciel. » — (Ce qu'ayant entendu, Solon dit s'être fort émerveillé, et, plein de curiosité, avoir prié les prêtres de parcourir exactement et de suite toute l’histoire de ses concitoyens d'autrefois.

1. Cette conception d’un déluge périodique est différente de celle qui figure dans le Politique 269 c-e. Les maladies qui fondent sur nous à intervalles réguliers sont les fièvres (Timée, 86 a).