L'atomisme d'Épicure

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Dans la partie du V° livre de Lucrèce, qui parle de la vie des premiers hommes, la description de la lutte de ces homme avec des bêtes fauves est grandiose (1). D'après la conception d’Epicure, plus tard les hommes ont cu:amencé de bâtir des huttes, de s'habiller de peaux de bêtes, d'utiliser le feu et de créer des familles et des amitiés avec les voisins (2). La théorie sur la formation du langage est d'un ixterèt parliculier. Notre philosophe soutient que les noms des choses ne sont pas des pures conventions, mais qu'ils sont créés par un mouvement naturel. Les hommes qui possédaient la voix et la langue, affectés des différents objets, les avaient désignés par des noms divers. L'expérience et la nécessité ont perfectionné le langage (3). Gette théorie a été retenue par la science moderne (4).

Il est très possible que les conceptions sur l'origine de la culture Epicure les a empruntées à Démocrite, car dans les fragments de ce dernier nous trouvons une idée qui est identique à une considération de Lucrèce (5). Mais il est absolument certain qu'Epicure s'est inspiré de Démocrite pour ses idées sur le droit naturel. Ce droit est un contrat utilitaire, fait entre les hommes en vue de ne pas nuire l’un à l’autre. D'après cela la justice et l'injustice n'existent pas en soi; elles sont les conséquences de ce contrat (6). Donc c'est Démocrite

(1) Cf. Ibid. NV, 925-1010.

(2) CF. 50 et 40 k. ÿ. d'Epicure ef De R. N. NV, 1011-1027.

(5) Cf. DL. 75-76 ; De R. N. N, 1028-1090; Diogenis Oenoandensis fragmenta, X, col. Il, 1, IL sq. ; Proclus in Plat. Cratylum, 17, p. 8.

(4) CE J. G. Herder, Über den Ursprung der Sprache, 1772. Il ne peut pas être mis en doute que Wundt aussi a pris en considération les déductions d'Epicure sur la formation du langage (Voir W. Wundt, Elemente der Vôlkerpsychologie, 1915, S. 66 sq.).

(5) Dans le fragment 444 (d'après Diels) Démocrite affirme que la musique est un jeune art, et dans le fragment 154 il pense que les hommes ont imité Je cygne et le rossignol dans l'art de chanter. Or chez Lucrèce nous disons la même chose. (CI. De R. N. V, 4579-1441).

(6) CF. les fragments 245, 248 et 174 de Démocrite avec D.L. 150-155, le 45 maxime de Vatican et Plut. Con. Ep. beat. 6. Puisque la dépendance d'Epicure à l'égard de l’ancien afomiste est trop évidente, il est inutile de le rendre dépendant de Théophraste, à la manière de Zeller (p. 416, note 1).