L'atomisme d'Épicure

mocrite en tant qu’elle suppose la distinction entre la partie rationnelle et la partie irrationnelle de l'âme (1). La partie irrationnelle de l’âme est répandue dans tout le corps, et sa partie rationnelle est localisée dans la poitrine; là on sent la peur et la joie (2). La partie rationnelle ou l'esprit (animus, mens) et la partie irrationnelle ou l'âme (anima), étant intimement liés, ne forment qu'une substance, mais c'est l'esprit qui commande à l'âme (3). À ce propos Lucrèce attaque aussi l'opinion d’après laquelle l'esprit n'a point un siège particulier dans Je corps, mais qu'il est une disposition vitale du corps, mommée par les Grecs l'harmonie. Gette opinion est erronée, car souvent le corps souffre, tandis que le principe intérieur est joyeux, ou bien il arrive que l’homme malheureux est sain. De même, pendant que notre corps dort, l’âme est le siège de joies et de douleurs. Et cela ne pourrait avoir lieu, si l’âme était l'harmonie du corps (4). Comme preuve que l'âme n’est pas l'harmonie du corps, mais qu'elle réside dans le corps, Lucrèce, resp. Epicure cite aussi le fait que souvent, après la perte d'une grande partie de corps, la vie se maintient, tandis qu'il suffit que quelques atomes de chaleur s’échappent du corps ou qu'un peu d’air sorte de la bouche, pour que la vie abandonne le corps. De là on tire la conclusion que toutes Jes parties de notre corps ne servent pas de la même manière à notre conservation, — ce qui pourrait avoir lieu si l'avis qui est combattu était juste — mais que la chaleur vitale et le souffle vita] maintiennent notre vie (5).

Epicure réfute l'affirmation de Démocrité, connue seulement du témoignage de Lucrèce, d’après laquelle à chaque

(4) AëL. IV, 4,6, pense que c'est Démocrite qui a fait cette supposition. Zeller a montré qu'il a confondu l'hypothèse de Démocrite avec celle d'Epicure. (2) D:L: 66 scholie.

(5) CE. De R. N. II, 156-160. Quoique acceptant la distinction entre l’esprit ét l'âme, Lucrèce déclare qu'il les nomme d'une même dénomination, à cause de leur umion étroite.

(4) Cf. Ibid. IL, 98-116. Voir dans Plat. Phäd. 86B, C, le développement sur l'âme comme l'harmonie du corps:

(5) Cf: De R.N. III, 117-135:

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