L'atomisme d'Épicure

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quatrième substance de l'âme sans nom l'était moins encore. Cette hypothèse et la supposition de la déclinaison des atomes rendent le système d'Epicure supérieur aux systèmes matérialistes modernes, qui, incapables d'expliquer la naissance de ia conscience et de la sensibilité par les mouvements des atomes, retiennent néanmoins opiniâtrement les principes matérialistes, sans faire aucune concession au spiritualisme.

Cependant Ja concession d'Epicure au spiritualisme n'éfait pas assez considérable pour lui permettre la conception que la substance de l’âme est incorporelle. Au contraire, il soutient que l'âme ne peut pas être incorporelle. Car on ne peut concevoir rien d'incorporel que le vide qui ne peut ni agir, ni pâtir, mais seulement rend possible les mouvements des COTPS: Si l'âme était incorporelle, elle ne pourrait ni agir, mi pâtir. Cependant ces deux qualités sont essentielles à l’âme (x). Il s'ensuit que l’âme ne peut avoir une autre nature que le corps. Comme l'esprit et l’âme peuvent réveiller notre corps et le gouverner, el comme ces actions supposent un contact qui ne peut être produit sans matière, il faut conclure que l'esprit et l'âme ont une nature matérielle. Cela devient encore plus évident si on prend en considération que les coups matériels font souffrir l'esprit (2). Donc on ne peut pas attribuer Ja sensibilité à l’âme seule (3).

De sa supposition que la nature de l’âme est corporelle, Epicure tire la conclusion que l'esprit et l’âme de tous les êtres naissent et meurent avec le conps (4). Car l’immortalité ne peut pas être attribuée à l'âme qui n'est pas essentiellement différente du corps.

(DAD:1,, 67:

(2) Cf. De R: N. III, 161-176.

(5) CÉ Jbid. IN, 550-555. À ce propos on combat l'opinion que Jés yeux ne peuvent voir par eux-mêmes, mais qu'ils sont l'instrument de l’esprit (Ibid. II, 359-569). De cette manière Epicure a nié l'ayis des anciens philosophes grecs que c'est l'esprit qui voit et entend, et que les sens sont aveugles et sourds (Sextus attribue cet avis à Héraclite dans Adv. Math, NII, 150).

(4) De R. N. II, M171-M8.