La France sous le Consulat

MADAME DE BEAUMONT 221

de Staël, Cottin, Saint-Lambert, d'Houdetot, de la Briche ; __ celui de la princesse de Vaudémont, née Montmorency, passionnée pour le monde, disant tout haut tout ce qui lui passait par la tête, et imposant à son entourage ses fantaisies de grande dame, mais amie sûre et fidèle, réunissant chez elle Fouché et Talleyrand, « qui assuraient sa sécurité, M. de la Valette, aide de camp de l'Empereur, et aussi les royalistes les plus intransigeants ; — celui de M°° de Beaumont, irrémédiablement malade et mélancolique depuis la Révolution qui avait massacré son père M. de Montmorin, l’un des derniers ministres de Louis X VI, envoyé à l'échafaud ses frères et sessœurs. Seule survivante de toute sa famille, cachée dans une chaumière pendant la Terreur, elle était revenue à Paris pour tâcher de retrouver quelques débris de sa fortune. Là, dans son appartement de la rue de Luxembourg, elle ne tarda pas à réunir autour d'elle, presque chaque jour, de sept à onze heures du soir, une société d'élite dont les membres, quoique tous victimes à des titres divers de la Révolution et restés attachés à la cause royaliste, se ralliaientnéanmoins au gouvernement consulaire, que plusieurs d'entre eux n’abandonnèrent décidément qu'après l’exécution du due d'Enghien. Pasquier retrace dans ses mémoires le charme intime de ces réunions dont il fut un des fidèles, avec Fontanes, Joubert, «homme supérieur à idées larges, d’une originalité naturelle, sans la moindre affectation », si modeste, si discrètement et si absolument dévoué; Guéneau de Mussy, Chênedollé, Molé ; M" de Vintimille, de Saussure, de Staël ; Chateaubriand, enfin, qui inspira à M de Beaumont un attachement passionné, qui fit à la fois la suprème félicité et le désespoir de cette mourante, croyant entrevoir le bonheur au moment où s'éteignait sa frêle existence. — Un autre salon, d'esprit et de tendances différentes, groupait les survivants du monde philosophique et des salons bourgeois du xvur siècle ; c'était celui de M°° Helvétius, à Auteuil. Après la