La question du sel pendant la Révolution

XI

E

Mémoire et soumission pour l'exploitation des salines des ci-devant provinces de Lorraine et Franche-Comté, situées aujourd'hui dans les départements de la Meurthe et du dura.

Adressé à l’Assemblée nationale.

Ces salines font partie des domaines de l'Etat, et l’Assemblée nationale a, non seulement à décider si elles doivent être conservées ou détruites, mais il paraît indispensable qu’elle adopte incessamment le parti que, dans sa sagesse, elle jugera le plus propre à ménager les différents intérêts que leur exploitation peut favoriser ou compromettre.'.

On a osé élever des doutes sur leur utilité réelle pour les habitants des cantons où elles se trouvent situées, et pour la France en général; on a représenté qu’elles consommaient une prodigieuse quantité de bois; et la crainte de voir disparaître une production aussi précieuse a fait oublier à quelques individus des villes les plus intéressées à la conservation de ces usines, qui répandent et entretiennent autour d’elles l’activité et l’industrie, tous les avantages qu’elles en retiraient.

Ces objections, fondées sur de faux calculs, ne présentent d’ailleurs que des vues rétrécies; elles confondent sans cesse les personnes avec les choses, et tendent à mettre à la place d’une réforme salutaire et facile, une destruction vraiment désastreuse pour des milliers de familles que ces établissements font subsister pour deux départements, qu’ils vivifient, et qui, sans eux, seraient dénués de toutes relations commerciales. N’est-il pas bien intéressant, pour les habitants de ces contrées, d’avoir à leur proximité, et toujours à très bas prix, une denrée de première nécessité, que des spéculateurs avides leur feraient payer très cher, s’ils étaient forcés de la tirer des pays maritimes, et dont souvent, peut-être, ils éprouveraient la disette? Le rapport fait au département de la Meurthe, le 25 novembre 1700, ne laisse rien à désirer sur les motifs qui rendent la conservation de ces salines précieuse aux départements qui les possèdent, et à ceux qui les avoisinent.

On ne s’arrêtera pas à prouver que les sels qu’elles produisent, sont d’une qualité au moins égale à celle des meilleurs sels de mer; cela est plus que sulffisamment démontré par les expériences de M. M. Fourcroy et Cadet, et par la préférence qui leur est accordée, sur tous les autres sels, par les Suisses et les Allemands.

On ne considérera ici ces salines que sous le rapport du produit des forêls nativnales, et des ménagements qu’elles exigent et sous celui du commerce de la France avec l'étranger.

1 Archives nationales. AD IX 572.