La question du sel pendant la Révolution

XII

On examinera ensuite les différents modes d’administration entre les‘quels l’Assemblée nationale aura à choisir; on indiquera celui qui semble préférable, et les conditions principales qu’il est à propos d'imposer aux administeurs. L’objection la plus spécieuse qui ait été faite contre les salines, est, sans contredit, celle qui les représente comme destructives des forêts nationales. On n’a vu que ce qui est,sans examiner ce qui pourrait être; et au lieu de chercher à concilier deux branches de revenu public également intéressantes, de les faire servir l’une à l'autre, sans qu'aucune puisse en souffrir, on les a constamment mises en opposition, comme s’il avait fallu nécessairement choisir entre la destruction de l’une ou de l’autre.

L'erreur vient de ce qu’on a toujours supposé que les bois étaient le seul ‘combustible avec lequel on pût former des sels. Mais, dans cette supposition même, il faudrait conserver celles de ces usines dont le service peut être assuré sans déranger l’aménagement des forêts.

Il est reconnu qu’elles peuvent fournir aux salines de la Meurthe et du Jura quarante mille cordes de bois, sans en gêner la reproduction et sans en faire hausser le prix au delà des facultés des consommateurs. La ferme générale en a consommé plus de soixante mills cordes; conséquemment sa fabrication est susceptible de grands inconvénients. Elle s'élève à près de six cents mille quintaux de sel; et, en la reduisant à quatre cents, elle se trouverait dans la proportion des bois que les coupes bien réglées peuvent fournir. Alors le produit des salines serait moindre d’un tiers qu’il n’est aujoud’hui, et il serait encore assez intéressant pour ne pas l’abandonner. Mais s’il est possible, comme on n’en doute pas, de former six cents mille quintaux de sel avec quarante mille cordes de bois, en y ajoutant d’autres combustibles et des moyens artificiels, que les gens de l’art savent employer avec succès, il est évident que, sans diminuer le produit des salines, le bois restera au prix raisonnable qui convient également au propriétaire et à l'acheteur, et qu’on tirera parti d’une richesse na‘ionale très précieuse et très productive, sans nuire à aucune autre.

Les six-cents mille quintaux, à 2 sous la livre, ou 10 iv.

Je-quintal donnent MORT RM M NE CT GD00: 000

En adoptant les mesures qui seront proposées, les sels ne reviendront à l'Etat, au moment de la vente, qu'à 45 sous le quintal, et conséquemment les six cents mille quintaux coûteront 1.350.000 1

liresteraen produit effectif = 2 Lu, 0 ..:74;650:00011

Le trésor public retirera donc des six salines de la Meurthe et du Jura quatre millions six cent cinquante mille livres, en livrant les sels, dans tous les temps, aux habitants de cette partie de l’empire au plus bas prix de sels de mer, dans les années les plus abondantes. La nation ne fournira, pour obtenir un revenu aussi considérable, que quarante mille cordes de bois; et conséquemment chaque corde se trouvera produire 116 I., 5 s. sans aucun frais d'exploitation, dans un pays où elle serait à peine vendue 4 liv., si les salines étaient abandonnées.

Les résultats sont encore plus satisfaisants, si on les applique à la balance du commerce; car alors il n’y a aucune déduction à faire sur le pro-