Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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une époque de grande fécondité pour Carnot, la célèbre Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon avait mis au concours pour 1784 l'éloge de Vauban, une des illustrations de la Bourgogne. Carnot, séduit par le sujet, se mit à la besogne, et il obtint le prix à l'unanimité des suffrages. Il lut en séance publique son travail et reçut les félicitations de Buffon, du prince Henri de Prusse, frère du grand Frédéric, et du prince de Condé qui avait présidé la séance, le même qui plus tard devait devenir le généralissime des Émigrés.

Cet écrit cependant, par les idées démocratiques qu'il contenait, était en avance sur l'opinion, comme au reste Vauban aussi avait été en avance sur son temps par ses doctrines sociales et ses principes de science militaire. L'Éloge de Vauban contient des pages admirables, qui sont des modèles de style et de pensées. Il n'a point été réimprimé depuis cent trois ans. Le public n'en connaît que de courtes citations. Il en accueillerait la reproduction avec intérêt, curiosité et avec fruit. La Bibliothèque Gilon s'honorerait en publiant cette première production de Carnot dans sa collection déjà si riche. La copie en est prête avec une introduction explicative ; si l'éditeur veut, nous la lui réserverons.

Peu d'années après, Carnot adressa un Mémoire sur l'utilité des Forteresses à M.de Brienne, qui était alors ministre de la guerre. Dans ce travail, il avait pour but de montrer que, dans une lutte définitive, la seule qu'il conseille et qu'il croie légitime, les forteresses sont absolument nécessaires, contrairement aux principes du Grand Frédéric, qu'on cherchait à faire adopter. Il offre en exemple les forteresses du Nord,qui pouvaient, selon lui, tenir lieu de plus de cent mille hommes de troupes réglées. Il affirme dans ce travail que les forteresses ne