Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

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sacré à l'approvisionnement et les $ 3, 4, 5 visent spécialement le commerce de grains *.

Après avoir exposé les règles générales de ce commerce, les ordonnances sur la vente dans les halles et marchés de Paris, Le Maire expose les précautions particulières pour assurer l’'approvisionnement : à dix lieues autour de Paris, il est défendu aux négociants ou boulangers d'acheter des grains sauf en cinq marchés désignés dans les ordonnances; ils ne peuvent qu'y vendre, y amener des blés..

Ainsi pour assurer la subsistance de Paris on enlevait les grains autour de la capitale à 30 ou 35 lieues de distance, c'est-à-dire dans l'Ile-de-France, le Soissonnais, le Beauvoisis et le Vexin. Si la légende du Pacte de famine se forma, elle ne prit pas naissance à Paris où le pain n’était jamais trop cher*?, mais plutôt dans les campagnes de la Brie et de la Beauce.

Ce fut d’abord la réglementation du commerce des grains dans les provinces dites des cing grosses fermes et entourant la capitale, qui a, peut-être, fait croire à l’agiotage, à l’organisation de la famine.

Cette réglementation était peut-être défectueuse, mais il ne faudrait pas faire supporter au roi et à ses ministres toute la responsabilité des erreurs qui ont pu être commises, pas plus dans cette réglementation particulière que dans la lésislation, sur le com-

1. Mém. de la Soc. de l'Hist. de Paris. N.1878, pp. 1 à 131. « Moyennant cette quantité prodigieuse de grains qui viennent perpétuellement à Paris par le commerce, il se trouve que la subsistance des habitants des environs de Paris, qui sont en proportion aussi peuplés que la capitale, ne prend rien sur l’approvisionnement de cette grande ville, et comme les marchands de grains garnissent également de blés des provinces les marchés de ces environs, il s’ensuit encore que ceux qu'ils apportent dans ces marchés remplacent sans cesse ceux qui s> consomm nt ou qui sont apportés à Paris par les fermiers ; tous les grains répandus dans la distance de dix lieues, qui font une circonférence de soixante lieues autour de la capitale, forment une réserve toujours existante pour les besoins, au moyen de laquelle, en cas de disette de grains dans le royaume, le gouvernement aurait tout le temps nécessaire pour faire venir des pays étrangers les grains nécessaires avant que la capitale fût exposée à manquer de cette denrée. »

2, En 1775, à l’époque de la guerre des farines, le pain de 4 livres se vendait à Paris 14 sols qui correspondent à 1 fr.25 de nos jours. Le prix ordinaire est aujourd'hui de O fr. 80. En 1858 il s'éleva à 4 fr. 20. Mém. de la Soc. de l'Hist. de Paris, v1-1879, p. 1 à 23. « L'on a cru pendant longtemps qu'il fallait que le pain, à Paris, fût à un taux toujours moindre que dans beaucoup d’autres parties de ‘a république ; et tout le monde sait que l’ancien régime « fait, dans plusieurs circonstances, des swcrifices considérables pour soutenir ce système, vicieux sous tous les rapports. » (Lettre de Roland à la Municipalité de Paris, 18 novembre 1792.)