Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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4 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Dans une de ces pages où, d’une plume généreuse et féconde, le doyen des chroniqueurs sème l’esprit, le bon sens et la bonhomie, M. F. Sarcey n’a-t-il pas dit : « La meilleure gloire de Paris c’est encore le théâtre. » Et il eût pu ajouter, exprimant son intime pensée : le Théâtre-Français.

Pour compléter cette appréciation du rôle dominant du théâtre dans la société, citons ici le passage suivant d’un discours académique tout à fait charmant et qui a fait les délices des lettrés.

C'est l’auteur de l’Étincelle et du Monde où l’on s'ennuie, répondant au récipiendaire, l’auteur de la Belle Hélène et de la Grande Duchesse, Ludovic Halévy :

… Voulez-vous savoir la vraie cause de cette in« fluence énorme du théâtre? C’est qu’il tient à l'âme «même de l'humanité, c'est qu'il est entre tous les « arts le mensonge charmant de la vie...

« Ah! ceux qui parlent de la vérité au théâtre me « font sourire. °

« Non, non, pas d'art sans artifice et encore une « fois le public le sait bien.

« Entre celui qui fait la pièce et celui qui l'écoute «un contrat est intervenu, un contrat tacite, par le« quel le spectateur a dicté et l’auteur accepté ces « conditions sous-entendues :

« Je ne suis pas ici pour juger, mais pour sentir ; «tu n’es pas là pour m’enseigner, mais pour m'é« mouvoir, je ne viens pas chercher la réalité, mais la « fuir; je veux voir d’autres hommes, rire d’un autre « rire, pleurer d’autres larmes plus douces encore « que le rire.

« Montre-moi la vie moins plate et plus rapide, le « malheur plus mérité, le bonheur moins rare.

«Ennoblis mes passions par leur puissance, grandis « mes luttes par leurs complications, égaye mes bas-