Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

6 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Mariage de Victorine ajoute encore : « L'art n’est pas une étude de la réalité positive, c’est une recherche de la vérité idéale ».

Voilà assurément une manière éd eser l’art dramatique bien éloignée des tendances brutales du naturalisme actuel, sans aucun point de contact avec cet art rénové, modernisé, qui veut surtout offrir « des tranches de la vie » grossièrement matérielle, débraillée, où s’étale trop souvent même un sentiment abject et répugnant.

En regard de ces appréciations modernes sur le théâtre, il n’est peut-être pas sans intérêt de reproduire ici l’opinion émise sur le même sujet, il y a deux siècles et demi, par l’auteur du Cid et du Menteur. Dans une comédie, l’Illusion comique, représentée en 1636, immédiatement avant le Cid, sur le théâtre de l’hôtel de Bourgogne, et reprise en 1886, au théâtre de l’Odéon, voici comment le grand Corneiïlle faisait parler le principal personnage :

sn. . …,.. « -. A présent lethéätre

Est en un point si haut que chacun l’idolâtre;

Et ce que votre temps voyait avec mépris

Est aujourd’hui l'amour de tous les bons esprits, L'entretien de Paris, le souhait des provinces,

Le divertissement le plus doux de nos princes, Les délices du peuple et les plaisirs des grands;

Il tient le premier rang parmi leurs passe-temps; Et ceux dont nous voyons la sagesse profonde

Par des illustres soins conserver tout le monde, Trouvent dans les douceurs d’un spectacle si beau De quoi se délasser d’un si pesant fardeau.

Même notre grand roi, ce foudre de la guerre,

Dont le nom se fait craindre aux deux bouts de laterre, Le front ceint de lauriers, daigne bien quelquefois Prêter l'œil et l'oreille au théâtre françois.

Le poète comique et publiciste Etienne, l’auteur