Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 17

miration sur toute la ligne, « depuis le coin du roi, jusqu’au coin de la reine ».

Sa figure, sa grâce, sa voix, tout en elle avait seize ans.

Le charme pénétrant, irrésistible qu’exerçait sa beauté, rendue plus expressive encore par le piquant contraste de son abondante chevelure blonde et de ses grands yeux noirs veloutés, cette grâce voluptueuse qui faisait tourner toutes les têtes, sont célébrés avec enthousiasme, avec lyrisme même, par plusieurs écrivains du temps, notamment Sedaine et Beaumarchais, dont elle interprétait les œuvres dramatiques avec un art exquis, et un succès éclatant.

Cependant, peu après cette création du rôle de Chérubin, à laquelle son nom est demeuré attaché en traits ineffaçables, qui fut, pour la jeune artiste, un triomphe sans égal dans les fastes du théâtre, mais triomphe, hélas! bien éphémère, brisant cette carrière artistique si brillamment commencée, subitement la mort l’emporta, dans toute la poésie, dans toute l'éclat de sa jeunesse, de sa beauté et de son talent.

Les nombreux admirateurs de cette jeune fleur du Théâtre-Français, qui l'aurait, dit-on, traversé sans y rien laisser de sa pureté, ne connaissant de l’amour que ce qu’en contiennent les pièces de théâtre, de cette charmeuse qui séduisait tous les hommes et faisait rêver toutes les femmes, quand, pleurant sa marraine, elle chantait de sa voix si touchante :

Que mon cœur, que mon cœur a de peine!..

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un enchantement. On l'a rappelée au second acte, rappelée à l2 fin de la pièce. On ne pouvait se lasser de l'applaudir. »

(La Comédie-Française. Notices par F. Sarcey, 1876.) Toujours charmante, et encore une Agnès exquise, malgré

les 25 années écoulées, Mie Reichemberg est en même temps aujourd’hui « la petite doyenne de la Comédie-Française. »