Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 23
qu’en te disant que la Révolution détruit toutes les distinctions entre les hommes; désormais il n’en existera plus qu'une : celle que la science et l’instruction mettent entre les ignorants et les savants. Aussi travaille bien, si tu veux te distinguer, illn'y a plus d'autre noblesse. »
Telles étaient les nobles aspirations du tiers état,
romoteur du mouvement révolutionnaire.
L’affiche du Théâtre-Français, à la date du 25 juillet 1789 (8 jours après la prise de la Bastille), portait : Gaston et Bayard, tragédie par De Belloy (1), et la Partie de chasse de Henri IV, comédie en trois actes, de Collé, lecteur du duc d'Orléans (2), avec cette indication que « le produit dela représentation serait offert à MM. les gardes françaises ».
En effet, le rôle joué par des sous-officiers et soldats de ce corps, le jour de la prise de la Bastille, leur faisait une popularité, à laquelle le ThéâtreFrançais payait son tribut (3). EEE
(1) La ire représentation remontait au 24 août 1771.
(2) Cette pièce, que tous les théâtres de société se disputaient, n'avait pu être autorisée plus tôt sur le Théâtre-Français à cause du rôle trop familier que l’auteur faisait jouer au monarque. (3) Un autre genre de récompense, offerte aux vainqueurs de la Bastille, nous est révélé par le document suivant : On frappa alors 12 médailles en or dont la matrice fut aussitôt brisée et détruite; elles furent décernées aux 12 grenadiers entrés les premiers dans la Bastille.
Ces médailles, forme de losange, portent, sur une face : 2 boulets de canon, un cadenas et des chaînes brisées, et en exergue, Ces mois :
La Liberté conquise. 14 Juillet 1789. Sur l'autre face : une épée, au milieu d’une couronne eivique; autour, ce vers de Lucain : Ignorant ne datos ne quisquam serviat enses! On les portait suspendues à un ruban tricolore. La médaille, en la possession de l'auteur, a été acquise par
M. Jean Lumière, d'un des 12. grenadiers, en 1796. Ce sont ces mêmes grenadiers, qui, d'après M®* Campan,