Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 341

surtout sans réveiller lesprit de fanatisme et d’opposition contre les institutions nouvelles pour la célébration des mariages. »

Enfin, la censure avait écrit en marge de ce rapport :

« Point de prêtres! point de prêtres! Ils sont encore parmi nous, ils nous tourmentent; point de prêtres! La chapelle, la croix, le prêtre doivent disparaître. »

Aussi, après la répétition générale, la pièce fut-elle frappée d’une interdiction absolue. Toutefois, à la suite de démarches entreprises par l’auteur auprès des représentants du pouvoir, l'intervention de Treilhard, membre du Directoire, fit lever l’interdit.

Voici en quels termes Arnault nous dépeint le grand succès qu’obtint, dans cette pièce, Taima (Montcassin), à côté de M°° Petit-Vanhove (Blanche) :

« Brillant de toutes les grâces de la jeunesse, Talma y jouait avec une femme qu’il aimait, et dont le talent s’accordait merveilleusement avec le caractère du rôle que je lui avais confié. L'illusion, dansles scènes où ils se trouvaient ensemble, était complète, ce n'étaient plus des sentiments simulès mais réels. »

Et cependant, le mariage qui régularisa cette liaison, seulement le 26 juin 1802, cette union si parfaitement assortie, consacrant une passion mutuelle déjà longuement éprouvée, eut un dénoûment déplorable. En effet, treize ans plus tard, en 1815, M Caroline Talma en était réduite à recourir à la justice, et à déposer ses doléances, ses griefs contre son mari dans une demande en séparation de corps (1).

(1) Elle vécut de longues années après cette séparation. Devenue veuve, par le décès de Talma, arrivé le 19 octobre 1826, elle épousa, en 1828, en troisièmes noces, le comte de Chalot, colonel de cavalerie, et mourut à Paris, le 11 avril 1860, à l'âge de 89 ans.

©. La relation de ce procès en séparation de corps figure dans l'Appendice.

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