Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

348 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Les entreprises multiples et cumulées de Sageret arrivaient à peser lourdement, trop lourdement sur . lui, et, malgré tout, il luttait, avec une rare énergie, contre des embarras d'argent et une gêne sans cesse envahissante. Un moment il eut l'espoir de se relever avec une nouvelle tragédie en cinq actes de l’heureux auteur d’Agamemnon. Mais Ophis, joué le 3 nivôse an VI, tomba lourdement et, avec cette tragédie, le malheureux directeur lui-même, écrasé par des charges excessives.

La clôture du nouveau théâtre de la République, après sa réorganisation, eut lieu, le 5 pluviôse an VII (24janvier 1799), par une représentation du Menteur et du Bourru bienfuisant. Il avait duré quatre mois.

C’est à la suite de cette fermeture, que l’acteur Dugazon, ce vieux Jacobin exalté, formula une plainte contre le directeur Sageret dans les termes suivants :

Paris, le 26 janvier 1799. « Citoyen ministre,

« Dugazon est venu pour vous présenter son respect et vous instruire des justes motifs de la clôture du théâtre de la République, contre lequel une cabale aristocratique conspire sourdement.

« Le directeur Sageret à fait une recette, depuis sept mois, de 600,000 livres. Il n’a payé ni les auteurs, ni les gagistes, ni les acteurs, ni même les pauvres. Il a donné des congés à Talma, à la citoyenne Vanhove(ceux-ci sont déjà partis), à Molé et àla citoyenne Contat, qu’il serait urgent de retenir, pour pouvoir rouvrir promptement, en assurant la recette et la subsistance des malheureux artistes.

« Salut et respect.

« Signé : Ducazon (1). »

(1) Archives nationales.