Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

352 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Au cours de ces soirées, les transfuges de l’Odéon parvinrent à conclure un traité avec la direction du théâtre de la Cité, où ils donnèrent une série de représentations, alternant avec la troupe de ce théâtre. Puis, après des stations successives à la Cité, au Märais et à Feydeau, ils se réunirent enfin, en faisant un bail, au théâtre Louvois, sous la direction de leur ancien camarade Picard.

Dans sa détresse, Sageret, littéralement aux abois, avait, à titre d'expédient, avant son incarcération, soumis au ministre un projet de réforme budgétaire ayant pour conséquence de notables économies sur les appointements des artistes. Par suite :

Molé de 24,000 livres était réduit à 18,000 livres. Dazincourtde19,500livres était réduit à 12,000 livres. Dugazon de 15,000 livres était réduit à 12,000 livres. Vanhove de 15,000 livres était réduit à 10,000 livres. M'e Contat de 30,000 liv. était réduite à 18,000 livres. Mie Raucourt de 24,0001. était réduite à 18,000 livres.

Toutefois, dans ce projet, les 15,000 livres de Talma étaient respectées. Mais le ministre, adoptant un système plus radical,

de Picard, Le Voyage interrompu. « L'état qu'inspire leur malheur, disait le Journal de Paris, leur talent et la triste incertitude de leur sort, avait attiré à cette représentation un grand nombre de spectateurs qui les ont accueillis avec enthouSiasme. » Picard avait ajouté à la fin du Voyage interrompu, ce petit couplet de circonstance, à l'adresse des acteurs de l'Opéra-Comique :

Nous devons encore un asile Aux talents ici réunis.

Ainsi, dans un temps difficile, On retrouve ses vieux amis. Sans une demeure certaine, S'il est pénible de courir,

Au moins avec un vrai plaisir Chez ses amis on se promène.

(L'Opéra-Comique pendant la Révolution, par Arthur Pougin.)