Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

362 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

de M° B... racontant à sa petite fille ses impressions de jeunesse : « Mes compagnes et moi, dit-elle, « nous n'avions qu'un rêve, qu'un désir : entendre « Talma dans Manlius ou dans Abufur, et assister à « une revue du premier consul (1). »

Telles étaient les deux puissances attractives qui dominaient alors les esprits, surexcitaient les désirs et imposaient l'admiration : Talma dans la tragédie, et le premier consul à la tête de l’armée (2).

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(1) Vers 1797, dans les pensionnats et externats qui s’établirent, suivant les idées pédagogiques de M"° de Maintenon, mais avec le sentiment de la société issue de la Révolution, le théâtre était un auxiliaire de l'éducation. En province, les maitresses de pension louaient les salles de spectacle pour leurs élèves.

(2) La popularité enthousiaste qui enveloppait, ainsi que nous, l'avons dit, le vainqueur d'Italie et des Pyramides, s'accrut encore après le 18 Brumaire. Ce coup d'État fut célébré dans une série de pièces rapidement improvisées et mises à la scène sur divers théâtres. Notamment, La Girouette de Saint-Cloud, impromptu de Barré, Radet, Desfontaines, Bourgueil, Dupaty et Maurice Séguier, joué dès le 22 brumaire {13 novembre), contenait les deux couplets suivants, chaudement applaudis et bissés, chaque soir, au théâtre du Vaudeville :

Nous connaissons certain génie, Actif autant qu'il est puissant;

Qui sait de l'Europe à l'Asie Franchir l’espace en un moment. Si dans ces courses immortelles,

JL nous mit à couvert partout,

Je crois qu'aujourd'hui de ses ailes, Il pourra bien couvrir Saint-Cloud.

La fuite en Egypte, jadis Conserva le Sauveur des hommes; Pourtant quelques malins esprits En doutent au siècle où nous sommes. Mais un fait bien sûr en ce jour, Du vieux miracle, quoi qu’on pense, C’est que de l'Egypte un retour Ramène un sauveur à la France. — Quant à Talma, voiei ce qu'un contemporain, à la fin du

Directoire, disait de cet artiste incomparable : « Talma avait des fanatiques, des séides, des dévots qui