Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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s'éloigner complètement de la scène, heureuse encore d’en être quitte à ce prix.

Ce fut le 4 décembre 1794, qu'’eut lieu sa rentrée triomphale à ce théâtre, où elle attira de nouveau le public, qui avait pour cette actrice une véritable adoration.

Avec des opinions aussi opposées, l'harmonie ne pouvait œuère régner dans le ménage; aussi s’empressèrent-ils d’user de la nouvelle loi sur le divorce. Néanmoins, l'épouse divorcée continua de porter le nom de l'époux sous lequel s'était établie sa réputation au théâtre.

Ainsi que nous l’avons dit, Talma élève de Dugazon, embrassa également les idées nouvelles. D'ailleurs, l’abus du privilège dont il avait eu à souffrir, et qui, malgré ses succès de début, avait entravé l'essor de son talent, lui avait fait accueillir avec joie un régime tendant à la suppression des privilèges de tous genres.

A peu près du même âge que l’auteur de Charles IX, animé des mêmes opinions, le jeune auteur et le jeune acteur s’unirent étroitement par le succès qu’ils partageaient ensemble.

M° Vestris, sœur de Dugazon, s'était rangée dans le même camp; mariée à un danseur médiocre, frère du Vestris de l'Opéra, elle était une des reines de la tragédie, C'était elle qui jouait, dans Charles IX, Catherine de Médicis. Dans ce même parti figurait aussi Grandménil, excellent comédien, dont la spécialité était surtout dans les rôles dits à manteau, comme Arnolphe et Harpagon (1). Enfin Grammont, jouant, sans grand éclat, les premiers rôles dans la tragédie et la comédie.

(1) Grandménil avait débuté, le 31 août 1790, dans Arnolphe de l'Ecole des femmes, puis dans le Francolin de la Métromanie, l'Avare, etc., et toujours avec succès.