Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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Charles IX, qui les faisait naître, le sujet des conversations et des commentaires les plus irritants.

On affirmait aussi, d'autre part, qu’un dissentiment avec les comédiens avait amené Chénier à retirer sa pièce.

Un soir du mois de juillet 1790, peu après la fête de la Fédération, le 21 juillet, au moment où allait commencer la représentation d'Épiménide, Naudet, Talma et M'° Lange étant en scène, uñe voix s'élève dans la salle, une voix dont le retentissement redoutable était bien connu dans une autre enceinte, la voix de Mirabeau. Au nom des fédérés provençaux, encore présents à Paris, le grand orateur demande que l’on joue Charles IX. La motion est aussitôt appuyée par des adhésions nombreuses.

Le sociétaire Naudet se présente alors, et répond, au nom de la Comédie, qu'on aurait tout le désir de se conformer au vœu exprimé, mais que par malheur Saint-Prix est malade et M" Vestris indisposée, ce qui empêche absolument la représentation.

Mais, au même moment, un autre orateur sort ex abrupto de la coulisse : c'est Talma.

Il déclare que l’indisposition de M°° Vestris n’est pas assez sérieuse pour mettre obstacle à son zèle, et que, pour M. Saint-Prix, il est facile de faire lire son rôle par un autre acteur:

Cette offre fut accueillie par les plus vifs applaudissements. Ainsi mise en demeure, la Comédie-Française dût s’exécuter. Charles IX fut donc représenté, Grammont remplaçant Saint-Prix. Talma, couvert d’applaudissements, fut même redemandé après la pièce, honneur très commun aujourd’hui, mais excessivement rare à cette époque.

Toutefois, cette représentation, qui eut lieu le vendredi 23 juillet 1790, fut très orageuse, plusieurs dissidents s'étant obtinés, en dépit des règlements, à