Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 39

rester tête couverte. La force armée dut intervenir, et, parmi les tapageurs les plus exaltés qui opposaient un refus absolu de se découvrir, un personnage fameux depuis, Danton, dont on ne pouvait vaincre la résistance, fut même arrêté et conduit à l'Hôtel-de-Ville.

On comprend que l’incartade de Talma exaspéra contre lui ses camarades, qui ne pouvaient lui par donner de leur avoir forcé la main.

Des lettres publiées dans les journaux par Mirabeau, Chénier et Talma, ajoutèrent un surcroît d’aigreur à ces fâcheux débats.

Talma alla même, en dénonçant la haine de ses adversaires, jusqu’à les appeler « les Noirs de la Comédie-Française » (on désignait ainsi les membres de l’Assemblée nationale regardés comme les défenseurs des privilèges et les ennemis de la liberté). A cette attaque, la Comédie répondit par un acte de haute rigueur. Le comité se réunit pour juger le délinquant. Fleury ouvrit la séance par ces graves paroles : « Messieurs, je vous dénonce une conspiration contre la Comédie-Française. »

A la suite de la délibération, intervint une décision presque unanime excluant Talma de la Société.

La nouvelle de cette mesure extrême fut accueillie de la façon la plus bruyante par le public. On put alors facilement prévoir qu'une tempête violente ne tarderait pas à éclater.

Le jeudi, 16 septembre 1790, l'affiche annonçait la tragédie de Spartacus, avec Larive dans le principal rôle, et Le Cocker supposé.

À peine la toile était-elle levée, qu’un millier de voix crient : Talma, Talma! Une faible minorité veut en vain s'opposer à cet appel. Les cris redoublent, le tumulte s’accroit. Enfin la Comédie fait annoncer que le lendemain on rendra compte des motifs