Les fêtes et les chants de la révolution française
242 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
de la garde consulaire, décidément détaché du Conservatoire, tandis qu’à la faveur de ce dédoublement l’école poursuivait en pleine tranquillité sa mission d’enseignement musical.
Quant aux dates révolutionnaires, l’on continua quelque temps encore d’en célébrer deux, 14 juillet et 22 septembre.
Mais ces fêtes ne retrouvèrent pas leur ancien caractère populaire. Elles eurent lieu en des endroits clos, loin du peuple : cela seul suffit à marquer la différence.
Les poèmes qu'on y chanta ne furent plus ces hymnes célébrant les idées simples et abstraites que Chénier avait su exprimer dans ses vers. Fontanes, Esménard, qui le remplacent aujourd’hui, ont pour tâche essentielle d'adresser d'ingénieuses flatteries au nouveau maître. Il leur est encore permis de prononcer le nom de Liberté; mais c’est comme en s’en excusant, et au prix de quelles précautions!
O Liberté !.….
Ton courroux indomptable Avait changé tes traits
dit l’un; et l’autre est encore plus réservé :
Toi qu’on a tant déshonorée, Liberté, calme tes douleurs! De la couronne déchirée.
Le sang ternissait les couleurs.
Ce’ n’était point ainsi qu'on la chantait en 1792! — Il est aussi fait de grands éloges de la paix : pourtant, en même temps quon annonce qu'elle va renaître, On maudit l'Anglais avec une insistance et sur un ton qui font pressentir combien l’espoir qu'on a en elle est précaire! Enfin les mânes des hommes de guerre morts dans les dernières campagnes, Kléber, Desaix, sont évoqués avec les accents de regret que l’on savait