Les hommes de la Révolution

> — 229 —

Jetés à la prison du Temple, les derniers démocrates allaient bientôt comparaître devant la Haute-Cour de Vendôme, sous l’inculpation d'un affreux complot contre la société. La presse, déjà servile, publia au compte des prisonniers des écrits et des opinions fantaisistes ou odieux, dans le but d’égarer l'opinion publique. Bientôt, en

lement majeure, et le Directoire la regardait luimême comme si expressément liée aux grands intérêts de la République, que le citoyen Carnot, son président, avait lui-même levé et tracé le plan du repaire où le conspirateur insolent Babeuf calculait froidement le renversement de la Constitution, organisait le meurtre et le pillage, et méditait la ruine de la patrie. .

« C’est donc d’après le plan du lieu quiscachait Babeuf | à tous les yeux qu'il avait intérêt d'éviter, que j'ai dressé mes batteries pour qu'il ne m'échappât pas.

« Le quartier où cette expédition devait se faire étant près des halles, et conséquemment très peuplé, et ne doutant pas que l'appareil qu'elle nécessitait n'attirât une grande influence, je crus qu'il était prudent de faire semer le bruit que c'était une bande de voleurs et d’assassins qu'on arrêtait. Je convins de cela avec le citoyen Jolly, et me mis en marche pour aller requérir une autorité constituée de m'accompagner. Nous nous acheminâmes donc, le commissaire de police, quelques autres citoyens qui m'accompagnaient et moi, vers le repaire de Babeuf; le citoyen Jolly retourna près du piquet de cavalerie afin d’en disposer suivant nos conventions, mais, craignant que le bruit de nos chevaux ne donne l'éveil à Babeuf, je pensais qu'il était plus sage de joindre la chambre qui recellait Babeuf, et que pendant ce temps la cavalerie avancerait et ferait ses dispositions.

« Babeuf rédigeait à sa table son 44e numéro: étaient avec lui Buonarroti et Pellé, secrétaire d'Héron. Je: notifiai l'ordre dont j'étais porteur et donnai l’ordre