Les Préfets du Consulat et de l'Empire

DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE 167

vent que l'occupation de Paris serait la fin de l'Empire? Les bruits les plus divers circulaient; mais, sans attendre la nouvelle officielle de la déchéance, les royalistes arboraient la cocarde blanche. Et beaucoup de citoyens, même parmi les bonapartistes de la veille, suivaient leur exemple, tant la chute de l'Empire apportait au pays fatigué un soulagement général : « Mon témoignage, dit à ce sujet le comte Molé dans ses Mémoires, ne saurait être suspect. J'étais de cette jeunesse qui n'avait connu les Bourbons que dans l'Histoire et qui considérait leur retour comme impossible. Eh bien, je le déclare ici sur l'honneur sans la moindre hésitation, je demeurai confondu quand je pus constater avec quelle sincérité, quelle universalité et quel chaleureux enthousiasme furent accueillis Louis XVIII et sa famille. » Carnot, moins suspect encore, rend le même témoignage dans le Mémoire qu'il écrivit en exil après les Cent-Jours. Quelle devait être, en présence de ce mouvement d'opinion, l'attitude des préfets, fonctionnaires purement politiques, chargés