Les Préfets du Consulat et de l'Empire

DU CONSULAT ET DE L'EMPIRE 207

apparaît un peu aujourd'hui, dans la pénombre des âges révolus, comme un épisode pâli des luttes de la décadence romaine, avec ses prétoriens ambitieux et avides, qui révent de supplanter leur maître, son Sénat avili, ses ministres pusillanimes et ses préfets infidèles, toujours prêts à déserter la cause qui paraît perdue.

Il fallait tenir compte, pourtant, de l’incohérence des jours que l'on traversait. Au premier moment, les préfets, ne sachant à qui ils appartiendraient le lendemain, tiraient au hasard à hue et à dia, suivant l'inspiration plus ou moins perspicace du moment. Jusqu'au 20 mars, beaucoup d'entre eux restèrent dans l'expectative, mais, à partir de cette date, la plupart montrèrent un zèle aussi inattendu qu'empressé en faveur de l'Empereur : le 21 mars, Malouët, préfet de l'Aisne, rend la liberté au général Lallemand, détenu comme bonapartiste dans la citadelle de Laon; Borel de Favencourt, préfet de l'Oise, nommé par le roi, prescrit, dès le 24, la mise sous séquestre des biens des émigrés, en vertu des dé-