Les serviteurs de la démocratie
288 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE aurait trouvé même la fortune sans la noble fierté de son patriotisme. On osa lui proposer de travailler au monument élevé à Londres en souvenir de Ja défaite de Waterloo. Indigné, David quitta l'Angleterre ; il revint en France décidé à lutter contre la malveillance officielle et à demander à son art le pain. quotidien et la renommée. Une statue du prince de Condé, le glorieux vainqueur de Rocroy et de Lens, attira sur lui l'attention. C'était un premier chef-d'œuvre, précurseur de tant d’autres.
David d'Angers, dès ce temps-là, avait compris que l'art au xix° siècle doit avoir des allures personnelles, contemporaines, si l’on peut ainsi dire, et qu’il doit être tout autre chose que la reproduction servile du passé ou son imitation maladroite. Il a énoncé cette idée: originale et forte dans une belle étude sur le sculpteur Roland.
Nous n'avons pas ici à juger toutes les œuvres du grand statuaire, et à parler de ses productions si nombreuses et si variées. C’est le serviteur de la démocralie qui nous intéresse plus encore que l'artiste ; mais avec David, le républicain et l'artiste se confondent presque toujours.
L’iilustre Angevin n'était point de ces hommes qui croient de bon goût de vivre à l'écart de leur époque, et qui sous prétexte d’impartialité, se dérobent aux devoirs du citoyen. Singuliers personnages, ces indifférents, puisqu'ils ne sentent pas que la patrie est une source féconde de hautes inspirations. Ils parlent sans cesse dela Grèce et de l'Italie, et ils oublient que l'art, dans la République athénienne et dans la République romaine éfait surtout national. Ces artistes
. éclectiques ne font pas œuvre française; ils font
œuvre. de curiosité et de boudoir, On peut leur ap-