Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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Il n'y avait pas vingt-quatre heures que Lannes avait touché les 400,000 francs, lorsque le trésorier reçut de l’ordonnateur en chef de la garde l’ordre de donner l’état de sa caisse; le reçu de 400,000 francs ne fut pas admis... Il fallut que Lannes restituât les 400,000 francs à la caisse de la garde et, comme je l'ai dit, Lannes n'avait que des

dettes (1). (Générat BourRIENNE, Mémoires, t. V, p. 66.)

Le général Lannes, qui donnait et dépensait sans compter, qui ne se faisait aucune idée des exigences d’une comptabilité, qui n’avait jamais recouru en vain à Bonaparte lorsqu'il avait besoin d'argent, regardait le Premier Consul comme si bien engagé par la promesse qu'il avait faite, qu'il ne trouva rien de mieux, pour le contraindre à payer les frais de son ameublement, qué de s’en faire remettre le montant par le caissier de la

garde. (Baron MExEvaz, Mémoires, t. I, p. 189.)

Le jour que Murat vint faire à l'Empereur ses remerciments du titre de prince qui lui avait été conféré, Lannes se trouvait avec beaucoup d’autres militaires dans le salon de réception. L’huissier ouvrit les deux battants de la porte en annonçant : le prince Murat!

« Beau prince de mon c...! » dit tout haut le général en se tournant vers les autres personnages. Ce propos fut rapporté à Murat, qui voulut lui envoyer un cartel; mais l'Empereur le lui défendit.

(Madame Duranp, Mémoires sur Napoléon, p. 65.)

Lannes détestait souverainement l’ancienne noblesse, et principalement les émigrés. Ceux-ci, qui en étaient instruits, lui rendaient bien ce même sentiment,

Un jour qu'il s’en trouvait un assez grand nombre dans un salon des Tuileries que Lannes avait traversé pour se rendre chez l'Empereur, ils affectèrent de se placer devant lui, de manière à lui intercepter le passage.

(1) A la suite de ce scandale, Lannes fut envoyé à Lisbonne.