Louis XVI et la Révolution

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raconte assez lestement Merey, le 16 juin 1773. C’est du reste l'avis de Marie-Antoinette qui écrit de son côté à sa mère : « M. le Dauphin a été à merveille toutes les fois qu'il a été à Paris, et, si j'ose le dire, il a gagné dans l'esprit du peuple par l'air de bonne amitié qui était entre nous. » La prise de possession est complète, et la dauphine profite de la soumission de son mari pour le diriger despotiquement. Sur ce point Mercy raconte une anecdote qui peint bien les deux caractères en présence : malgré les réclamations de MarieAntoinette, le dauphin s’attardait à la chasse, même les jours de spectacle; un jour qu’il revenait en retard, « il s’approcha d’elle d’un air un peu embarrassé et lui dit : Vous voyez que je suis revenu à temps. M°° la Dauphine répondit d’un ton assez sec : Oui, voilà une belle heure! — On se rendit au spectacle, où M. le Dauphin fut boudé tout le temps. Au retour du théâtre il chercha à avoir une explication; alors Me la Dauphine lui fit un petit sermon fort énergique, où elle lui représenta avec vivacité tous les inconvénients de la vie sauvage qu'il menait. M. le Dauphin reçut cette leçon avec douceur et soumission; il convint de ses torts, promit de les réparer, et demanda formellement pardon à M°° la Dauphine. »

Mais voici que leur situation va changer : Louis XV est mourant. Immédiatement Mercy demande à Marie-Thérèse une délégation formelle de son autorité sur la future reine. Sitôt Louis XV mort, Mercy commence un véritable investissement, un vrai siège du nouveau roi, à l’aide de la reine; il entre dans les plus petits détails, dans l'intimité conjugale même. Il a du reste des collaborateurs. Le duc de Choiseul donne son idée : Marie-Antoinette devrait gagner Louis XVI par la douceur, ou le subjuguer par l'intimidation. Ce dernier moyen flatte davantage l'orgueil de l’impérieuse Autrichienne; lorsque le roi résiste à une de ses demandes, elle exige, et le faible monarque cède. Mercy trouve même qu’elle va un peu loin, et qu'elle met