Louis XVI et la Révolution

MARIE-ANTOINETTE. 37

réellement trop de sans-façon dans sa manière de mater le roi. Son autorité despotique sur Louis XVI n'en est que plus sensible. Aussi les témoignages des contemporains sont-ils unanimes. « La Reine jouit toujours du plus grand crédit, dit l’auteur de la Correspondance secrète ; on n'obtient rien que par elle. » — « Elle a sur son mari un pouvoir absolu », écrit l'ambassadeur de Suède à son maître. Enfin le Suisse Besenval ne recule pas devant le mot propre : il trouve que la condescendance du roi tient « de l’asservissement ».

Il est inutile d’esquisser ici le néfaste rôle politique de la reine : cette question est bien connue. Il faut pourtant dire quelques mots des différentes mesures qu'elle fit prendre à Louis XVI, pour mieux faire mesurer cette force en la montrant en action. La reine prétend bien être l’Égérie du roi. Elle lui donne quelquefois simplement ses conseils. Elle lui inspire par exemple une mesure populaire, mais maladroite ; le rappel des parlements. Le plus souvent elle préfère agir directement par elle-même, pour recueillir le bénéfice de son intervention.

Cédant aux conseils de Mercy, qui veut lui faire un parti, et qui en réalité prépare la déchéance du roi au profit de sa femme, la reine veut être tenue au courant des secrets d'État. Lorsque les ministres résistent, elle charge Louis XVI de les tancer sur « la malhonnêteté de leur silence ». Ou bien elle leur tend des pièges : elle dicte parexemplesa volonté au roi, qui l’impose à son tour, comme sienne, à ses ministres. Elle essaye encore de faire des secrétaires d’État ses créatures à elle. S'ils ne sont pas assez souples, elle soutient à la légère contre eux leurs commis : le maréchal de Castries avait fait mettre à la retraite un commis : celui-ci s’adresse à M*° Thiébaut, première femme de la reine : Me Thiébaut, à la toilette, parle de l'injustice de M. de Castries. Sans plus ample informé, la reme prend fait et cause pour le protégé de sa femme de chambre, et parle avec chaleur du despotisme du maréchal, devant de nombreux témoins. Avec la même légèreté, Marie-Antoinette