Louis XVI et la Révolution

MARIE-ANTOINETTE. 31

les agréments de sa conversation, qu’elle poussait même parfois à son avis au delà du point qui convenait au caractère élevé dont elle était revêtue ». Le blâme est plus vif, dans les chansons du temps :

Reine de France en apparence, Vous l’êtes plus réellement Des ministres de la toilette, Des comédiens, des histrions, Et, bravant en tout l'étiquette, Des filles vous avez le ton.

Sans prendre ce pamphlet au pied de la lettre, il est permis de constater que, avec une sorte de familiarité bourgeoise, la reine se laisse approcher, et de trop près. Mercy, qui voit tous les inconvénients de cette méthode, essaye de vaines représentations : « J'observais à la Reine, écrit-il le 19 février 1777, que, faute d'y donner la moindre attention, on s’accoutumait peu à peu, même dans les démonstrations publiques, à perdre de vue le profond respect qui est dû à Sa Majesté. Il est constant qu’un des plus grands inconvénients actuels consiste dans l’oubli absolu auquel la Reine s’habitue de tout ce qui tient à sa dignité extérieure, et je ne puis assez insister sur les dangereuses conséquences qui peuvent en résulter parmi une nation aussi légère, aussi familière que celle-ci ». Marie-Antoinette voudrait que l’on vécüût à la cour du roi de France la vie bourgeoise et patriarcale d’un principicule allemand. Cela étonnait, d'autant que, se débarrassant très volontiers de l'étiquette pour son propre compte, MarieAntoinette rappelait tout à coup à l’ordre, par caprice, ceux qui s’en dispensaient à son exemple.

Légèreté et inconséquence, c’est sa devise. Tout en ayant une véritable horreur pour les choses sérieuses, d’après l’indulgent Mercy lui-même, tout en la poussant jusqu’à l'incurie complète, la reine veut parler politique avec le roi :