Louis XVI et la Révolution

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elle lui dit une fois des choses si creuses et si peu suivies que Louis XVI ne répond rien. « Cette sortie, ajoute Mercy, n’était que l'effet de quelques propos tenus à la Reine par les partisans du duc de Choiseul, et la Reine répétait ces propos par inattention et sans un projet déterminé ». A cela encore il n'y a que demi-mal, et, jusqu’à un certain point, il vaut mieux que Marie-Antoinette ne comprenne rien aux affaires. Mais on remarque dans sa conduite des inconséquences plus graves, un oubli plus sérieux de ses devoirs, de sa dignité.

En 1777, elle demande au trésor royal 150,000 livres, et le directeur a l’audace de lui répondre que, la caisse publique étant à sec, sa fortune privée lui permet d’avancer la somme : le jour mème, raconte la Correspondance secrête, «la Reine l’a reçu à

NECKER. miracle, a pris l'argent sans

compter, et va partout disant :

M. Necker est un homme charmant; je n’ai jamais vu un tel ministre. »

Sans doute, au milieu de toutes ces dissipations, la reine essaye quelquefois de se ressaisir, et sacrifie de rares moments à ses devoirs. Sa fièvre a des accalmies. Parfois, Marie-Antoinette se sent des obligations envers son peuple : après le sacre de Louis XVI elle fait de sérieuses réflexions, et les envoie à sa mère, le 22 juin 1775 : « C'est une chose étonnante et bien heureuse en même temps d'être si bien reçu deux mois après la révolte, et malgré la cherté du pain, qui malheureusement continue. Il est bien sûr qu’en voyant des gens qui dans le