Marie-Antoinette et l'intrigue du collier

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ET L'INTRIGUE DU COLLIER. 71

tout) parmi ceux qui la voyaient tous les jours, que l'opinion, d’abord indécise, ne tarda pas à se tourner en faveur du cardinal, que les plus modérés regardaient comme la victime d’une intrigue qui avait eu pour but de le perdre. Beaucoup même allaient plus loin, et n’hésitaient pas à attribuer à la reine un rôle actif et déshonorant. Les femmes témoignèrent à leur manière leur sympathie au prisonnier en se parant de rubans rouges et jaunes, dont la couleur s'appela cardinal sur la paille. Tous ces détails sont bien connus. Dans le monde officiel, deux partis bien tranchés se formèrent : d’un côté la famille royale, Breteuil, le premier président d’Aligre, dont la vénalité est connue, les deux rapporteurs, le procureur général et quelques conseillers; de l’autre, la maison de Rohan, les prélats, une bonne partie de la magistrature, des gens de cour, et secrètement les ministres de Castries et de Vergennes.

Les portes de la Bastille étaient à peine refermées sur les accusés, que les intrigues les plus actives se nouaient pour submerger le cardinal sous l'accusation. Mme de La Motte, à ce qu'elle affirme, fut circonvenue dans ce but; on lui traça son plan