Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

SUR LE GÉNÉRAL GODART xy étrangers à tout ce qui préoccupe en France ; et c'est en obéissant, comme à une consigne ordinaire, qu'ils pénètrent, tambours battant, dans la salle des CinqCents, croyant sauver du poignard leur général, et: entraïnant la garde du Corps législatif.

Une tradition de famille rappelait, sans doute en exagérant, que Napoléon tutoyait Godart. S'il y eut quelque chose de pareil, la veille ou le lendemain du 18 brumaire, ce fut assurément passager.

Au reste celui-ci, dans sa simplicité, loin de faire valoir cette particularité que son bataillon a peut-être décidé la fortune de Bonaparte, ne songea pas même à faire mettre son nom sur les listes, bien vite publiées au Moniteur, de ceux qui on! concouru ou se sont offerts pour concourir au coup d'Etat.

Godart aurait donné, d’après les mémoires du général Marbot, plus personnellement encore, une autre preuve de son obéissance au devoir du soldat, dans une autre conjoncture aussi grave en réalité, quoique peu connue, et dont l'issue aurait peut-être dépendu uniquement de lui.

C'était dans la Bretagne récemment pacifiée. Le gouvernement nouveau avait à appréhender d’autres mobiles que ceux qui animaient Vendéens et Chouans. L'indignation et le ressentiment contre le fauteur et l'héritier du 18 brumaire se laissaient deviner dans les armées, etfaisaient quelquefois explosion, comme dans la 110° demi-brigade à la fète du 26 messidor an IX

s