Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DU TRAITÉ DE TILSITT À LA BATAILLE DE WAGRAM. vu

eus; que les consuls français se montraient unanimes à reconnaître la sincérité de ses efforts; que la preuve de son zèle était dans le petit nombre des bâtiments qui entraient et sortaient de ses ports, dans le grand nombre de ceux qui se trouvaient sous le séquestre, dans les cris de désespoir qui lui parvenaient de toutes parts; que néanmoins son frère ne cessait de l’accabler de reproches immérités et des marques de sa colère, pendant que, d’un autre côté, le ministre de la police française osait jusque dans son royaume arrêter ses sujets. « D’après cela, continuait-il, je dois penser que je suis peutêtre dans ce pays un obstacle à vos desseins, au bien et à la politique de la France. Je m'en persuade chaque jour davantage par les tracasseries et les querelles que l’on fait à ce pays sous les prétextes les plus frivoles, et surtout alors que V. M, dont je suis l'ouvrage, n’ordonne pas que l’on respecte les droits les plus sacrés du peuple soumis à son frère, et que, n'ayant ni ministre de V. M. accrédité près de moi, ni aucune marque de sa bienveillance et de sa protection, je suis sans stabilité, sans crédit réel dans la nation et sans utilité pour elle et pour vous. Ces considérations, qui prennent aujourd'hui un caractère irrécusable, me forcent à supplier V. M., si mon établissement en Hollande et celui de mes enfants n’entrent pas dans ses projets, de me sortir de ce pays. Je n'ai jamais eu la prétention et l’espoir de pouvoir m’y soutenir sans votre appui et votre protection tutélaire; et, si V. M. ne peut m'accorder sa confiance et son estime, je dois quitter un pays de la ruine duquel je serais bientôt l’instrument. » Puis, revenant sur cette violation de territoire qui lui avait fait perdre, disait-il, tout espoir de considération et de crédit dans son royaume, il suppliait l’empereur de lui désigner un asile dans le midi, où il pât se retirer pour toujours. « C’est la grâce qu'implore de V. M. un frère qui, par son désintéressement,