Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

LWIII NAPOLÉON I« ET LE ROI LOUIS.

son caractère et ses sentiments, était digne, autant que qui que ce fût, de devenir votre ami véritable (1). »

Soit que Napoléon ne jugeât pas à propos de répondre à ces questions délicates, soit qu'il eût cherché uniquement à produire une impression dont il attendait des effets salutaires, il garda un complet silence sur cette lettre. Voyant les charges du royaume s’aggraver du côté du blocus, Louis pensa que, sur d’autres points, il les pourrait alléger. La paix continentale, apportée par le traité de Tilsitt, lui parut favorable À une réduction de ses forces militaires. Pendant la guerre, il s'était vu obligé, tant par l'effet des événements que par les exigences de l’empereur, de porter l'effectif de ses troupes à plus de 50,000 hommes. La guerre finie, il voulut remettre l’armée sur un pied qui fût plus en rapport avec le rang et la situation du pays, et se borner à un effectif de 30,000 hommes. La solde des troupes françaises qui se trouvaient à Flessmgue et celle de deux régiments français dont les dépôts étaient encore dans son royaume représentaient aussi une dépense dont il eût voulu être délivré. Assurément cette dépense était peu de chose en regard des charges énormes du pays; mais, ainsi qu'il le disait, quand les paiements se trouvaient à moitié suspendus, que les villes gémissaient sous la rigueur des mesures vexatoires, que les côtes étaient remplies de pêcheurs et de malheureux qu'il fallait empêcher de mourir de faim, quand enfin le gouvernement ne pouvait subvenir que par des expédients sans cesse renaissants aux besoins qui le pressaientde toutes parts, iln’y avait pas de dépense, si minime qu'elle fût, qui dût sembler indifférente (2). Napoléon, informé des intentions de son frère, lui répéta-ce qu'il Jui

(1) Louis à Napoléon, 9 octobre 1807, p. 131, 132. (2) Louis à Napoléon, 21 octobre 1807, p. 154, 135.