Oeuvres diverses, page 225
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tues sur elle comme des nuées de sauterelles, — où la dette publique écrase la nation, où l’octroi, à la porte de toutes les villes et bourgs, prélève son impôt destructeur sur les objets de première consommation, qu’on nous jette sur la tête ce pavé meurtrier.
Nous le répétons : GINQ MILLIARDS! c’est la ruine de la France. C’est la lente agonie de l’ouvrier empoisonné par la sophistication et le haut prix des subsistances ; c’est le coup de grâce du paysan dont les produits hautement taxés, non-seulement ne lui permettront plus de suffire aux exigences du propriétaire, mais même de soutenir sa famille.
C'est le ravage du pays, cent fois plus destructeur que les dévastations teutonnes.
Oui, il valaitmieux combattre! — Mais, me dira-t-on, la France était à bout ? — N’avait-elle done plus ni un canon, ni un homme, ni un fusil pour signer le traité le plus honteux qu’on ait vu depuis Bretigny ?
Trahison et mensonge ! En dépit des manœuvres de la forfaiture et de l’égoïsme, la France était debout ! Elle avait sous les armes 650,000 mobilisés, 350,000 soldats de la ligne et de la mobile, sans compter des troupes innombrables de francs-tireurs et autres volontaires, dont les Prussiens gardent le souvenir. Une artillerie admirable, douze mille canons attelés, accompagnaient nos armées. Des marchés passés à Birmingham et en Amérique, nous réservaient toutes les armes à tir rapide fabriquées jusqu’à la fin de l’année. Avec une goutte de patriotisme et de loyauté, pas un Prussien ne repassait le fleuve du Rhin et la République libératrice était fondée pour des siècles ! ‘
C'était la crainte de l’honnête M. Thiers et de ses complices. Leur premier acte avait été, même avant toute négociation, de résilier les traités anglais et américains pour l’achat des armes. Le second fut de répandre la peur dans les rangs de nos soldats, ainsi