Portalis : sa vie, et ses oeuvres
362 PORTALIS : tristesses de son exil. Là, reportant ses regards en arrière, Portalis cherche la cause des événements tour à tour sublimes et déplorables auxquels il s’est trouvé mêlé ; il la découvre dans les tendancesà la fois philanthropiques et destructives du xvir° siècle; il remonte à la source des opinions humaines, à la philosophie, et, reprenant dans la maturité de l’âge et de l’expérience les travaux de sa première jeunesse, il esquisse Vhistoire de l'esprit philosophique, il en glorifie les légitimes conquêtes, il en flétrit les écarts et il porte successivement sur les questions de métaphysique et de morale, sur les problèmes de la théodicée, sur les systèmes constitutionnels, les lumières de son esprit pénétrant et profond, conciliant et élevé.
Au milieu de ses travaux, il est rappelé en France, après le 18 brumaire, Le Premier Consul le distingue et se l’attache. Après un court passage au Conseil des Prises, Portalis entre au Conseil d’État et il prend une part active à l’accomplissement des deux actes les plus considérables et les plus beaux du Consulat : le Code Civilet le Concordat. Émule de Tronchet par la science, du Premier Consul par l’éloquence, il occupe au Conseil d’État une situation exceptionnelle : membre de la commission de rédaction du Code Civil, Conseiller d'État, commissaire du Gouvernement devant le Corps législatif, il imprime aux parties les plus importantes du Code la marque de son esprit précis et net, soucieux avant tout des intérêts de la moralité publique et de la liberté individuelle. Adversaire du divorce contre Napoléon, il défend la liberté de tester autant que le per-